Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je m'appelle Guy Ferrer, suis principalement artiste peintre et sculpteur quoiqu'engagé dans différentes disciplines artistiques depuis plus de quarante ans, incluant l’architecture et la poésie.
J’ai eu la chance de mener une carrière internationale avec des expositions dans des musées et galeries à travers le monde. L’État français m’a également confié plusieurs commandes, notamment pour des ambassades, comme à Singapour ou à l’OCDE à Paris.
Depuis toujours, j’ai compris que l’art est ma véritable contribution possible. Car être artiste, ce n’est pas seulement un métier, c’est un état d’être, une façon d’appréhender le monde, de découvrir et partager des pépites de sensibilité. Je pense que les artistes ont un rôle à jouer : aider le monde à se redresser, à retrouver du sens, à remettre en lumière des valeurs essentielles comme l’entraide, la tolérance, la beauté, l’ouverture d’esprit
...

Qu’est-ce qui vous a conduit à explorer la sculpture ?

La sculpture est née d’un besoin profond, celui de donner une troisième dimension à mon œuvre, l’amener à faire partie du monde.
Lorsque la peinture suggère à travers ses deux dimensions, hauteur et la largeur, la sculpture, elle, propose la profondeur. Et cette idée de profondeur m’a toujours interpellé, notamment parce qu’elle peut se comprendre de deux façons : la profondeur formelle bien sûr, mais aussi la profondeur de l’âme.
Après tant d’années de pratique, c’est vers cela que je tends définitivement : un art habité, spirituel, qui parle à l’âme
.

Pouvez-vous nous parler de votre œuvre Baptist ?

Baptist est une sculpture née du désir de créer un personnage symbolique, une figure illustrant le fait que nous sommes tous capables de recevoir les bienfaits du ciel.
Cette idée un peu énigmatique s’est concrétisée dans ce personnage vêtu d’un long manteau, une grande robe qui, telle une proue, pousse vers l’avant et forme une sorte de coupe, un réceptacle pour recueillir l’eau, celle liturgique du baptême, mais aussi celle de la bienveillance céleste.
C’est une œuvre que j’espère à la fois symbolique et poétique
.

Pourquoi cette œuvre est-elle aujourd’hui installée à la cathédrale de Perpignan ?

C’est une histoire surprenante, presque "dictée" par ce qui s’apparente au hasard. À l’origine, Baptist devait être exposé à l’Hôtel de Ville de Perpignan, dans le cadre d’une grande exposition que la ville me consacrait sur trois sites. Mais au moment du transport, la sculpture est tombée du camion et sa tête s’est littéralement détachée pour aller rouler plus loin. Ce fut un véritable choc mais il a provoqué ma réflexion : le personnage avait été "décapité" à l’image même de saint Jean-Baptiste -qui a baptisé Jésus- et dont il portait intuitivement le nom. Aussi, plutôt que de faire réparer l’oeuvre tout de suite, j’ai pris le temps de réfléchir, de chercher ce que pouvait bien signifier cette décapitation, et il m’est apparu évident que Baptist ne devait plus rejoindre un édifice civil mais plutôt un espace religieux.

L’installation à la cathédrale s’est donc imposée comme une évidence ?

Oui. Je me suis mis à l’écoute de ce que le ciel semblait m’indiquer... Et ce projet a rapidement trouvé écho : Monseigneur Scherrer l’a accueilli avec enthousiasme et beaucoup de bienveillance. Il a immédiatement perçu la portée symbolique de cette œuvre. Le projet a également été soutenu par les autorités civiles, notamment Madame Marlot, architecte des Bâtiments de France. Je les remercie d’avoir accepté ma donation. Baptist est désormais un bénitier offert à l’entrée de la cathédrale Saint Jean-Baptiste, destiné aux croyants et aux visiteurs qui souhaitent se recueillir, se signer.

Vous parlez de "loi du hasard" comme d’une forme d’obligation intérieure. Pouvez-vous nous en dire plus ?

*Avec le temps, j’ai appris à reconnaître certains signes…
En quelques mots, il s'agirait de s’en remettre avec confiance à ces forces bien plus grandes que soi, peut-être à une intention qui nous dépasse.
Quand la sculpture est tombée, j’ai compris que ce n’était pas seulement un accident, c’était un symbole à décrypter dans la subtilité.
Le chauffeur, pourtant expérimenté, s’est confondu en excuses mais je ne lui en ai pas voulu. Au contraire, je ressens presque de la gratitude car il a été, malgré lui, l’instrument d’un destin plus grand.

La sculpture est aujourd’hui parfaitement restaurée. Rien ne laisse deviner cette histoire… sauf pour ceux à qui on choisira de la raconter*!

Inauguration de Baptist le 24 juin 2025 à 18h30 à la cathédrale de Perpignan.