En ce 24 juin 2025, la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Perpignan a vibré d’une solennité exceptionnelle. Deux événements ont donné à cette liturgie un relief unique.

« Nul besoin d’aller au bout du monde », confie Mgr Thierry Scherrer dans son homélie. Car les trésors qui ont illuminé cette solennité sont enracinés ici même, en terre catalane. L’un est issu du passé, restauré avec ferveur ; l’autre, tourné vers l’avenir, offert par un artiste contemporain. Ensemble, ils cohabitent en harmonie : lorgue majestueux d’Aristide Cavaillé-Coll, réveillé après des années de silence, et le Baptist, œuvre du sculpteur catalan Guy Ferrer, désormais installée à l’entrée de la Cathédrale.

Tout d'abord, le prestigieux orgue de la cathédrale a retrouvé sa voix: « le réveil de l’orgue». Une expression qui évoque « une véritable résurrection». Ce n’est pas un simple instrument qui s’est remis à jouer, c’est une respiration ancienne qui s’est ranimée dans la nef.

Monseigneur Scherrer dans son Homélie :

" L'expression que l'on emploie traditionnellement est celle du « réveil » de l'orgue, qui évoque une véritable résurrection si l'on s'en tient au sens qu’a le verbe grec egeirô dans le Nouveau Testament. [...]"

Comme jean Baptiste, L’orgue devient ici symbole d’un peuple qui se réveille :

" Par sa prédication vigoureuse, Jean Baptiste a littéralement réveillé le peuple de la première alliance, en le tirant de la léthargie […]. Et combien avons-nous besoin aujourd’hui de prophètes capables de nous arracher à la torpeur du non-sens et de la désespérance. "

Puis, à l’entrée de la cathédrale, tout en sobriété et en humilité, Baptist, oeuvre de Guy Ferrer ne tonne pas. Il incline le visage, il se recueille, il invite au silence. Un « remplissage », dit l’évêque, un mot simple, mais qui touche juste.

" Le propre de Dieu, parce qu’il est l’Amour dans sa nature même, c’est de donner; le propre de la créature, par conséquent, c’est de recevoir, de se laisser remplir."

Jean-Baptiste est celui qui reçoit. Il est celui qui reconnaît que « l’homme ne peut rien recevoir si cela ne lui a été donné du ciel ». Le Baptist invite chacun à cette même ouverture, à se laisser combler, non par les illusions modernes, mais par la lumière venue d’en-haut.

" Le Baptist de Guy Ferrer ne fanfaronne pas, il ne fait pas le fier, il reste foncièrement humble : le visage penché en avant, il semble illustrer la capitulation de la raison face à la tentation de la toute-puissance […]. "

Retrouvez ci-dessous en téléchargement l’homélie de Monseigneur Scherrer dans son intégralité.

À l’occasion de la fête de saint Jean-Baptiste, le Père Joseph Marty, signe un texte fort et évocateur autour de Baptiste.

" Baptist, la sculpture de Guy Ferrer, donnée à la cathédrale,
évoque Jean-Baptiste,
l’homme qui appelle à rejoindre la source qui murmure au désert.
Ce veilleur aux larges épaules soumises au ciel, courbe humblement sa nuque et son regard vers qui l’approche.
Son visage austère et rude de Prophète clame la voix annonçant la Parole qui fait renaître.
Sa peau de bronze tanée au soleil abrite son cœur de chair fidèle au Dieu de l’Alliance.
Couvert d’une cape de bure, ses bras généreusement agrandis ouvrent l’horizon et creusent l’avant du navire, promesse de la barque de Pierre, la nef Église.
Et cette proue, de bras et mains invisibles, recueille l’eau que la Parole transfigure.
Baptiste, prénommé Jean : Dieu fait grâce, est l’homme qui baigne, qui fait plonger dans l’eau de la renaissance divine.
Il est le précurseur,
le saint qui invite au baptême dans l’eau de la terre et le feu du ciel,
au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit."

Joseph Marty (doyen du chapitre des chanoines)
Cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Perpignan
En la solennite du saint patron, le24 juin 2025
Inauguration de la sculpture Baptist de Guy Ferrer