Communiqué de l'Evêque de Perpignan-Elne sur la destruction des croix du Carlit et du Cambre d'Aze.

 

Absent de Perpignan pour quelques jours, j’ai été mis au courant par mes collaborateurs et par la presse locale de la gravité des faits qui se sont produits aux sommets du Carlit et du Cambre d'Aze où des individus n’ont rien trouvé de mieux que de scier ces croix plantées en 2015.

Ce sont les militaires du CNEC qui les avaient payées, qui avaient fourni tout le matériel pour leurs poses et obtenu les autorisations du Conseil Départemental, du Parc naturel et des municipalités concernées.

Certains, au nom du respect de la laïcité avaient déjà demandé que ces croix plantées sur les sommets de nos montagnes, soient retirées, en faisant appel à la puissance publique au moyen d’une pétition.

Si la république se sent offensée par ces croix, je lui en demande pardon.
Mais qui va demander pardon aux catholiques et plus largement à tous les chrétiens qui reconnaissent dans la Croix le symbole de leur foi ?
Je me demande si l’on est pas en train de se tromper de combat !

C’est une tradition très ancienne que des croix soient plantées au sommet de nos montagnes, pas seulement en pays catalan, mais ailleurs.

Ceux qui plantaient ces croix avant 1905 était dans la tradition.
Et ce qui les plantent après ne le sont plus,  voire sont dans l’illégalité ? Comme si les lois de 1905 avait supprimé toute tradition.

Il y a dans ce département et dans d’autres des gestes naturels, spontanés, qui font partie de notre culture locale et qui sont posés, non par provocation, ni pour contrevenir à la loi, mais parce qu’ils sont reliés à notre propre histoire. Et, je tiens le préciser il y a des croyants mais aussi des incroyants qui s’associent à la pose de ces croix.

Je connais de fervents défenseurs de la laïcité qui n’hésitent pas pour la Saint Jean-Baptiste à apporter leurs fagots de bois à la Croix du Canigou plantée en 1943.
Sont-ils en contradiction avec leurs principes ?
Je pense qu’ils ne se posent même pas la question, parce que c’est une tradition qui fait partie de leur culture.

Quant aux auteurs de ce délit, je suis indigné et triste pour eux.
Aujourd’hui les croix ne sont pas plantées que sur le sommet de nos montagnes mais dans la vie des migrants, des chômeurs, des malades, des handicapés, des gens de la rue, des familles sans ressources, des jeunes en grande précarité, des croyants persécutés, etc...
C’est pour ces croix-là qu’il nous faut mener le vrai combat afin de faire valoir leur dignité.

Monseigneur Norbert TURINI
Evêque de Perpignan-Elne