Les frères de L'Archiconfrérie de La Sanch se sont une nouvelle fois réunis pour la traditionnelle procession du Vendredi Saint dans les rues de Perpignan, ce 30 mars. Tout le long du parcours, le public était en masse pour assister au passage des "Caparutxes" portant les "Misteris" et revivant le calvaire du Christ. Si le poids de la tradition est là, celui de la dévotion s'est amplifié pour 601e procession. Devant la Catéhdrale, Monsiegneur Turini a adressé à la foule un message de paix et d'espoir dans le contexte d'une Semaine Sainte endeuillée par les attentats de Trèbes et Carcassonne et l'odieux assassinat de Mireille Knoll à Paris.

Les jardins de la Miranda grouillent. A quelques minutes du départ de la procession, les hommes se hâtent et se drapent de bures, quand les femmes s'attachent au souci du détail, dans les voiles et les touches de fleurs. Et puis le bouillonnement laisse place au silence. Le cortège se met en marche. Sur le parvis de l'Église Saint Jacques, coeur de l'archiconfreria de la preciossissima sanch de Jésus Christ, Monseigneur Turini adresse un message aux pénitents et à la foule. Sa première pensée, dans un contexte d'actualité chargé, est pour les forces de l'ordre (en nombre pour encadrer le cortège), puis en mémoire de toutes les victimes qui ont perdu la vie ces derniers mois dans des conditions dramatiques. 

Puis le Regidor de la Sanch agite son bras, fait teinter sa cloche au son sourd et funeste qui annonce le début du Calvaire. Revivre la passion du Christ, c'est la vocation de cette procession séculaire. Le long du parcours, les abords sont bondés d'habitués, de curieux qui brandissent leurs téléphones et appareils photo pour immortaliser le passage des pénitents. Saisir l'instantanné, le contraste du rouge rayonnant du Régidor et des noirs profonds des porteurs qui s'intensifient dans la lumière. La ferveur populaire pour la Sanch ne se démend pas d'une année sur l'autre. Et cette cloche qui répète sa triste mélodie, pour rappeler le sens de cette procession. Au rythme de cette complainte les 700 pénitents s'avancent doucement vers la place Gambetta et le parvis de la Cathédrale Saint Jean Baptiste où les attend le Dévot Christ, ses gardiens rouges et le Père Évêque pour le traditionnel message adressé à la foule. 

Une allocution à la charge émotionnelle intense et au sens fort. Monseigneur Turini veut marquer les consciences, avec, en trame de fond, un hommage soutenu aux victimes des attentats de Trèbes et Carcassonne, tuées par un fanatique terroriste, à Mireille Knoll assassinée parce que juive à 85 ans, aux victimes de Jacques Rançon, aux enfants de Saint Feliu d'Avall, décédés dans le tragique accident de bus à Millas et à toutes les vcitimes innocentes de part le monde. Un cri du coeur, surtout, pour dénoncer les crimes odieux commis au nom d'une religion, contre une autre. "Des Hommes sont-ils dépourvus à ce point d’humanité pour crucifier sur lessont-ils dépourvus à ce point d’humanité pour crucifier sur lescroix d’aujourd’hui des victimes innocentes ? La réponse est malheureusement OUI. Dépourvus de tout respect pour la vie des autres, de toute reconnaissance de la dignité humaine,abattant froidement des hommes et des femmes qui ne demandaient qu’à vivre,brandissant un dieu cruel ou une idéologie barbare, au gré de leurs pulsions et de leur aveuglement, ils ne sèment que violence, mort,  deuil, peur.", martelle le Père Evêque. Et de poursuivre en exhortant : "Sur le visage de Jésus, nous retrouvons ceux des enfants, des jeunes, des adultesSur le visage de Jésus, nous retrouvons ceux des enfants, des jeunes, des adultesqui subissent aujourd’hui encore des atrocités inhumaines.Il y a de quoi pleurer ! Parce que pleurer c’est se laisser toucher au plus profondde soi-même, comme si leurs souffrances devenaient la nôtre, comme si nous la portions en nous-mêmes, comme si nous ressentions la douleur de leurs proches, ce qui s’appelle :la compassion.C’est peut-être tout ce que nous pouvons faire, mais faisons-le et n’ayons paspeur aussi de crier notre juste colère haut et fort : « PLUS JAMAIS CA ! ». 

Et la longue et lente marche vers la crucifixion reprend. Au son lourd et grave des tambours et de cette cloche qui donne le rythme de la fin inexorable de Jésus. Et, au passage de la  Place Jean Jaurès, l'orage s'abbat sur la procession, contraignant à modifier et racourcir le parcours. La pluie qui tombe n'entrave en rien la marche des pénitents et leur dévotion. 
Les bures gorgées d'eau mais la foi chevillée au corps pour rejoindre Saint Jacques et terminer dignement cette procession. 

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