Retour en images sur la messe de confirmation présidée par Mgr Scherrer, au cours de laquelle plus de 150 adultes ont reçu le sacrement cette année.

Retrouvez-ci dessous l'homélie de MGR Scherrer.
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« Je répandrai mon Esprit sur tout être de chair ».
C'est la promesse relayée par le prophète Joël dans la première lecture. Cette promesse s'accomplit pour vous, mes amis, ce soir.
Depuis plusieurs mois, plusieurs années peut-être, un sentiment a grandi dans votre cœur et votre esprit : celui d'une incomplétude, en quelque sorte, d'un inachèvement : comme l'impression que quelque chose vous manquait pour donner à votre vie chrétienne son élan décisif : quelque chose, ou plutôt quelqu'un dont vous aspiriez secrètement à accueillir la venue en chacune de vos existences, l'Esprit Saint en personne. Et c'est vrai que tant qu'on n'a pas reçu l'Esprit Saint dans le sacrement de la confirmation, on n’est pas « fini », en quelque sorte, il manque quelque chose à notre panoplie de chrétien baptisé. [...]


Parce qu'il est l'Amour avec un grand A, l’amour personnifié de Dieu, parce qu'il est le cadeau de sa force et de sa joie, l'Esprit Saint est le plus grand don que Dieu puisse faire à l'homme. Et c'est la merveille qui va se produire en vous et pour vous dans quelques instants par l'imposition de mes mains et l'onction du Saint Chrême : dans quelques instants, des fleuves d'eau vive vont se mettre à couler en chacun de vos cœurs. C'est du cœur de Jésus lui-même que l'Eau vive du Saint Esprit s'est répandue comme un fleuve sur l'humanité entière pour la vivifier, pour la renouveler de l'intérieur. [...]


Cet Esprit Saint « vient au secours de notre faiblesse », nous disait l'apôtre Paul dans la deuxième lecture. S'il n'y a pas dans nos vies la conscience lucide que nous sommes faibles, misérables même, que sans l'aide de Dieu nous ne sommes rien, alors l'expression « être sauvé » devient vide, elle ne signifie plus rien du tout. On dit de l'Esprit Saint justement qu'il est le « Père des pauvres » : être pauvre, avoir conscience de sa pauvreté est la condition requise pour s’ouvrir à plein au don de l’Esprit. Au cœur de chacune de nos vies, la faiblesse n'est pas un mot, c'est une réalité. Faibles, oui, nous le sommes, nous en faisons tous l'expérience au quotidien.
- au plan moral, ce sont toutes nos compromissions et nos lâchetés, c'est notre impuissance à lutter contre le péché et cette propension à nous laisser emporter par le courant des passions et des tentations ;
- au plan physique, ce sont les épreuves subies, la fatigue du quotidien, la vulnérabilité de notre existence lorsqu'elle est confrontée aux aléas de la souffrance, de la maladie ;
- au plan spirituel, c'est notre difficulté à prier, à aménager un espace à Dieu dans le tourbillon de nos vies.
C'est justement parce que nous ne savons pas prier, que l'Esprit Saint vient à notre secours. L'Esprit Saint est un maître intérieur qui nous apprend à prier. Le pape Saint Jean-Paul II disait : « L'Esprit Saint est le don qui vient dans le cœur de l'homme en même temps que la prière ». La prière, c'est la foi en acte. C'est découvrir la liberté merveilleuse que nous donne notre foi. je voudrais citer à ce propos un extrait suggestif de la lettre de l'une d'entre vous : « Être croyante, selon moi, c'est quand on passe du mot croire au mot ressentir. La religion se vit, se ressent, elle vous bouscule jusqu'au plus profond de vous-même. J'ai compris ce qu'était la foi pour la première fois de ma vie. Avoir la foi, c'est comprendre que l'impossible peut devenir possible, c'est comprendre que je ne serai jamais seule et jusqu'à mon dernier souffle. Comprendre qu'il y a un amour plus fort, plus inconditionnel et immuable encore que celui d'une mère envers son enfant… je parle bien sûr de l'amour de Dieu ». [...]


Alors, mes amis, je vous invite à dire avec moi ces trois mots plein de lumière et de sens : « Viens, visite, remplis ! » C’est la prière que nous faisons monter ensemble ce soir vers l’Esprit de Dieu, l’Esprit d’amour. Ce doit être notre prière chaque jour. Saint Bonaventure, disciple de saint François d’Assise, disait : « Sur qui l’Esprit Saint descend-il ? » Et il répondait : « Il vient là où il est aimé, où il est invité, où il est attendu ». C’est bien le sens de notre triple invocation : « Viens, visite, remplis ».
- « Viens », c’est l’expression d’un désir, désir que l’Esprit vienne habiter en nous d’une manière nouvelle, qu’il transforme notre vie en la sienne, qu'il nous comble de son bonheur et de sa joie.
- « Visite », c’est le vœu que l’Esprit ne se contente pas de venir en nous en passant, mais qu’Il demeure en chacun de nous, que sa paix nous habite en profondeur comme le signe irrévocable de sa présence d’amour.
- « Remplis », c’est le désir que l’Esprit déploie en nous toutes les richesses de sa grâce pour que notre existence soit féconde et porte du fruit.



Comme je vous l'ai écrit, en effet, dans ma réponse à vos lettres, la confirmation est un don qui nous responsabilise. Car nous ne recevons pas l'amour de Dieu pour notre bénéfice personnel ; le fait de recevoir l’Esprit Saint nous engage à faire redéborder son amour sur les autres. Le fait de recevoir l'Esprit Saint nous rend coacteurs de la transformation du monde. Et cela a des implications très simples et très concrètes : si nous renonçons à flatter notre égoïsme, à faire passer nos intérêts avant ceux des autres, si nous décidons aujourd'hui d'aimer, tout simplement, alors nous avons le pouvoir de rendre ce monde meilleur. Et il n'est pas nécessaire d'aller bien loin pour le vivre : cela commence à l'intérieur même de nos familles, dans nos milieux de travail ou de loisirs, dans nos relations avec nos voisins. Il y a dans chaque acte libre de générosité et d'amour une formidable énergie créatrice capable de faire reculer les frontières de l’injustice ; il y a dans chaque acte libre de générosité et d'amour une force inouïe qui, parce qu'elle vient de l'amour justement, peut agir avec mille fois plus de puissance que toutes les bombes atomiques par lesquels les tyrans d'aujourd'hui veulent anéantir notre planète.


Qu'est-ce que cela veut dire au fond être un chrétien « confirmé » ? Cela veut dire se livrer à la puissance de l'Esprit Saint. Cela veut dire accepter une bonne fois pour toutes qu'il prenne les rênes de notre existence, qu’Il devienne véritablement le Maître de nos vies. Être un chrétien confirmé, c'est par conséquent consentir à se laisser guider, gouverner par l'Esprit Saint, c'est devenir des instruments dociles entre ses mains, tout entier au service de l’amour des autres. Alors mes amis, ouvrons nos cœurs au souffle puissant de l’Esprit : dans quelques instants, il va descendre et demeurer en vous. Vous n'avez plus de raison d'avoir peur : vous aurez en vous la force de l'Esprit Saint qui va vaincre en vous tout obstacle, qui va vous propulser sur les chemins de la sainteté. Vous serez alors heureux de témoigner de votre foi, de témoigner de votre amour de Dieu et des autres. Par toute votre vie, vous proclamerez à la face du monde que Jésus est Sauveur, qu'il vient nous libérer du mal et de la mort, que son amour est source de liberté et de joie. Qu'il en soit ainsi. Amen. "
Thierry Scherrer
Evêque de Perpignan-Elne




